Un séminaire incentive m’a permis de retourner aux Etats-Unis (dans le sud, en Louisiane et à la Nouvelle-Orléans, où j’étais déjà allé) la semaine dernière. La destination de rêve par excellence : l’Amérique est vraiment l’endroit où je préfère aller, niveau destinations. Et pas seulement pour l’atmosphère, mais aussi pour la cuisine. Les Etats-Unis ont la réputation en France d’être un pays pauvre en matière de cuisine (mais riche en graisse). Mais il faut vraiment n’avoir jamais mis un pied là-bas pour penser une chose pareille. Alors certes, la cuisine y est en général plus riche et plus sucrée. Mais si les Etats-Unis sont le pays de naissance du hamburger et de la malbouffe, c’est aussi un petit paradis pour les papilles. J’ai pu m’en rendre compte une fois de plus la semaine dernière. Si tous les Etats sont fiers de leur cuisine locale, aucune région n’est aussi fière de sa cuisine que le Sud. Et à raison, selon moi. Vous ne trouverez aucun endroit où se mélangent aussi bien, et depuis aussi longtemps, les cuisines anglaise, française, africaine, espagnole et indienne. Quelques exemples parmi d’autres ? Le slow-cooked barbecue (barbecue à cuisson lente) est l’une des plus grandes fiertés régionales. Le poulet frit est croustillant à l’extérieur et fondant à l’intérieur. Les biscuits (des petits pains) chauds et moelleux, le cornbread (pain de maïs), les patates douces, le chou cavalier et les fameux grits (gruau de maïs) accompagnent les plats du Sud. En dessert, on peut y savourer des gâteaux constitués de plusieurs couches (layered cakes) ou des Pecan Pies (tartes aux noix de pécan) et autres tartes à base de bananes et d’agrumes. On accompagne en général le tout avec du thé glacé sucré ou un mintjulep (cocktail bourbon-menthe) bien frais. La Louisiane se démarque par ses deux principales traditions culinaires : la cuisine cajun, que l’on trouve dans les bayous et qui marie des épices indigènes (telles que sassafras et piment), à la cuisine française traditionnelle. La cuisine créole, plus urbaine, est quant à elle typique de La Nouvelle-Orléans : on y savoure des plats roboratifs et très relevés tels que rémoulade de crevettes, chair de crabe sauce ravigote et gumbo (épais ragout de poulet, crustacés et/ou saucisse et okras, ou gombo). Si vous visitez un jour l’un de ces deux Etats (mais le conseil est valable pour tous les Etats-Unis, en fait), prenez le temps de goûter à la cuisine locale : vous verrez que la cuisine américaine est capable du pire, et aussi et surtout du meilleur ! C’est simple : au cours de ce séminaire incentive aux Etats-Unis, j’ai passé la plupart de mon temps à table ! J’ai adoré, et donc je partage avec vous l’adresse vers ceux qui ont organisé notre voyage incentive aux USA – suivez le lien – ils sont très bons.
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Quand Blackstone finance l’Ukraine
Le fonds d’investissement américain Blackstone devrait conseiller les créanciers privés de Kiev. Selon une information révélée lundi par le Financial Times, ces derniers devraient être assistés pour les négociations sur la restructuration de la dette du pays. Les créanciers privés de l’Ukraine, qui contrôlent environ 50% des obligations internationales de l’Ukraine, ont formé un groupe afin de peser dans les discussions sur les modalités de restructuration des 15 milliards de dollars de dette du pays qu’ils détiennent. Devant des discussions qui s’annoncent serrées, ils ont également fait appel aux conseillers du fonds d’investissement américain Blackstone, rapporte le Financial Times. Cette révélation fait suite à l’annonce, par la ministre ukrainienne des Finances Natalie Jaresko, de futures « consultations » avec les créanciers. Son but est de dégager un allègement de la dette ukrainienne de 15 milliards de dollars sur 4 ans. La ministre doit se rendre cette semaine aux États-Unis et en Grande-Bretagne pour y rencontrer les créanciers de Kiev, alors que la dette du pays a atteint 70 milliards de dollars en 2014 et devrait exploser cette année. La restructuration de la dette ukrainienne est pourtant déjà partie prenante d’un plan d’aide internationale global qui pourrait s’élever à 40 milliards de dollars. Dans le cadre de ce plan, le Fonds monétaire international a approuvé mercredi un prêt s’élevant, au total, à 17,5 milliards de dollars sur quatre ans. L’Ukraine en a touché vendredi la première tranche, d’un montant de 5 milliards de dollars.
Poutine et le nucléaire
« Crimée: Retour à la patrie ». C’est le nom d’un documentaire diffusé dimanche au soir en Russie. qui évoque l’action de Vladimir Poutine en Crimée depuis le début du conflit et son annexion. Ce dernier se présente en sauveur de la région. « Bien sûr, nous ne pouvions pas savoir immédiatement (quelle serait la réaction à cette annexion). De fait, dans les premières étapes, je devais guider nos forces armées. Pas seulement les guider, leur donner des ordres », explique Vladimir Poutine. Interrogé pour savoir s’il était prêt à mettre les forces nucléaires russes en alerte, il répond: « nous étions prêts à le faire », face « à la tournure la plus défavorable qu’auraient pu prendre les événements ». Le renversement de Viktor Ianoukovitch, alors président ukrainien, a été presque immédiatement suivi par une intervention militaire russe dans la péninsule de Crimée qui abrite le port stratégique de Sébastopol. Le chef de l’Etat russe a expliqué dans le documentaire que son pays a sauvé la vie de ce dernier et qu’il s’agit d’une « une bonne action »
Restons légers
Le mois dernier, j’ai voyagé pendant une semaine aux Etats-Unis. Ce qui est en soi un voyage sympathique. A cette occasion, j’ai découvert toute la côte est, de New York à la Floride. Pourtant, je ne retiendrai qu’une seule chose de mon séjour : c’est le vol très particulier que j’ai fait au départ de Miami, et qui m’a permis de découvrir les joies de l’apesanteur… C’est une expérience incroyable à vivre, et assez difficile à retranscrire. Elle a lieu à bord d’un avion semblable à tous les autres en apparence. Jusqu’à ce qu’on entre à l’intérieur et qu’on y découvre une large zone entièrement vide, où les parois ont été matelassées : l’aire de jeux où l’on va pouvoir voler, rebondir, flotter, tout au long de l’expérience. Le vol est constitué de quinze paraboles, chacune offrant vingt-deux secondes d’apesanteur. De précieuses secondes toujours trop vite écoulées, mais ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de vivre une expérience pareille, qui était jusqu’à une période récente réservée à une poignée d’astronautes ! La découverte s’est faite toute en douceur. Lors de la première parabole, nous avons eu droit à la pesanteur martienne. Je pouvais faire des pompes sur une main. A la seconde, nous avons eu droit à la gravité lunaire. Là, tout mouvement trop brusque avait déjà tendance à nous propulser contre les parois. Mais ce n’était encore rien comparé aux paraboles suivantes qui, elles, étaient tout simplement en gravité zéro. Le régime ultime. En une seconde (mais seulement pendant vingt-deux secondes, d’accord), vous pesez zéro gramme. J’avais déjà lu quelques articles sur l’apesanteur (ou impesanteur, ou microgravité), mais ils étaient loin de retranscrire le trouble procuré par l’absence de gravité. La première fois, j’agite les bras et les jambes dans le vide pour retrouver mon équilibre. Peine perdue, évidemment. Les règles en microgravité sont entièrement différentes de celles sur terre. Impossible d’avancer en faisant la brasse : on est comme une boule sur une table de billard ; il faut prendre appui sur les parois et tirer sur les sangles qui dépassent ça et là pour pouvoir se mouvoir. Fascinant. Cela demande un certain coup de main pour se déplacer en douceur, sans se cogner aux parois et autres participants dans la cabine. C’est qu’il n’est pas évident de se faire à ce nouveau monde où il n’y a pas de résistance. Mais on y arrive petit à petit, et on finit même par arriver à flotter dans le vide, tel un bouddha en lévitation. La question qui se pose à la sortie d’une telle expérience est cependant terrible : qu’est-il encore possible de vivre de plus extraordinaire après ça ? Suivez le lien pour en savoir plus sur le vol en apesanteur.
Quand la censure revient
Censure antichrétienne : le film « l’Apôtre » interdit de projection. Je veux bien que l’on me ressorte tous les travers de l’Eglise Catholique pour couper court à toute évaluation « actualisé » de ce dont il est question ici, (c’est ce que l’on fait généralement, et c’est ce que je ferais peut être à l’occasion d’un prochain article qui me vient à l’esprit en écrivant ces lignes) ; il n’empêche que ce n’est pas réellement le sujet… mais nous pouvons en débattre, cela va sans dire. Ce que j’aime bien dans ce petit « article » trouvé sur Agoravox.tv, c’est d’abord cette vidéo/sonore d’introduction qui nous vient de nos amis francophones du Quebec… Moooodzziiii tabarnaaakkk !!!… qu’est-ce que j’aime entendre ce pur accent !! (pour de l’humour Québécois bien articulé offrez vous quelques clips de tetesaclaques.tv). Je trouve personnellement très évocateur leur degré de sincère étonnement qui provient du fait qu’ils ne sont pas « immergés » dans le champ psychologique actuel de la France ! Oui, je me rend compte qu’étant moi-même immergé dans ce « champ » (pour encore quelques jours, ensuite retour en Russie), je suis incapable d’avoir cette simple et saine indignation ! En fait je l’ai cette indignation ! Mais je vois qu’elle est « filtrée » par quelque chose qui ne m’appartient pas et qui est quelque chose comme la nasse psychologique qui est en train de se renforcer, de recouvrir et d’assombrir la France à une vitesse « post charlie » des plus inquiétante… Le gouvernement français est toujours en pleine schizophrénie, d’un côté il désigne des musulmans comme étant les responsables d’attentats sanglants meurtriers mondialement médiatisés alors qu’ils ne les ont sans doute pas commis, de l’autre il fait très attention à ne pas froisser la susceptibilité des musulmans en général en faisant censurer un film relatant la conversion d’un musulman au christianisme, où est la cohérence dans ce pouvoir faible, idéologue et démagogique ? Dominic Maurais, animateur de radio du Québec, dénonce l’hypocrisie du gouvernement français qui censure le film de Cheyenne-Marie Carron, « l’Apôtre » : accent canadien à couper au couteau, mais sa verve et sa franchise font beaucoup de bien, Charlie mon œil !
Expliquer Charlie dans les classes
Que leur dire… Le prof, c’est un être humain qui gère de l’humain, et l’histoire de chacun donne une coloration à la manière dont nous dialoguons à chaud avec nos élèves sur des événements tragiques comme ceux survenus en cette semaine de rentrée. J’ai un bagage, et je savais jeudi dernier qu’il allait me falloir compter avec, quand bien même je devais « être prof ». Mon histoire, c’est la sidération pendant les trois jours qu’ont duré les attentats de Bombay en 2008 [OB : Vous pensez que vous n’avez même jamais entendu parler de cet attentat à 173 morts ? C’est ici pour le rappel – qui en dit long sur notre vision nombriliste du monde #ParisCapitaleDuMonde], qui ont laissé la ville groggy pendant des mois ; ceux aussi de 2011 qui ont tué à quelques centaines de mètres de chez moi. Le fait en tant qu’Occidentale d’être cible potentielle s’est ajouté à mon histoire parisienne et de voyageuse, d’avoir conscience que cela peut sauter n’importe où, n’importe quand. De savoir par mon histoire familiale que cela peut VRAIMENT dériver n’importe quand. J’ai retenu de cela le besoin de se réunir, de se serrer, de parler encore et encore, et d’accepter les regards qui se croisent et s’embuent : l’élan viscéral de se sentir humain, solidaires, de partager la peine et l’angoisse. C’est avec cette idée que je suis entrée dans une salle des profs bouleversée. Mon histoire, ce sont aussi les cris « Vive Al-Qaeda, vive Ben Laden ! » proférés par des 4è devant les attentats de Madrid au début de ma carrière : colère, indignation, incompréhension, et l’absence de réponse institutionnelle à cela. Mes élèves n’avaient-ils donc pas d’empathie ? de retenue ? étaient-ils tous des militants potentiels de l’intégrisme armé ? Un peu plus d’expérience m’a appris qu’ils étaient surtout des adolescents ; qui plus est, des ados élevés au pied d’un HLM du Val-d’Oise, enfermés dans un microcosme dont ils savaient déjà pertinemment qu’ils ne sortiraient jamais. Les vacances, c’était avec un sourire éclatant aller voir leur tante à Villiers-le-Bel. Des ados dont l’univers était pour nombre d’entre eux marqué par un non-dit absolu sur l’histoire familiale, le pourquoi de l’émigration (et je le vérifie encore aujourd’hui), si ce n’est « la guerre ». L’enfermement, géographique, corporel, intellectuel, culturel et historique.
Il n’y a pas à dire, nous avons un ambassadeur de l’élégance française
6 décembre 2014 par koltchak91120
JE POSE ÇA LÀ – Beaucoup ont d’abord cru à un fake. Et puis non. Rapidement, il a fallu se rendre à l’évidence : cette photo de François Hollande en chapka et pelisse brodée assortie de fourrure est bel et bien véridique. Mieux, elle a été prise et diffusée sur Instagram par les services de la présidence du Kazakhstan (un post aujourd’hui indisponible).
Dès vendredi 5 décembre au soir, le cliché tourne massivement sur Twitter. On apprend ce samedi que le service communication de l’Élysée est colère. Cette photo de lui-même arborant le cadeau qu’il vient de recevoir, François Hollande n’a pas pu y échapper. Et son équipe n’a pas eu non plus l’occasion d’y mettre son veto, comme l’explique France Info :
François Hollande n’aurait pas pu échapper à la photo, selon son entourage. Autour de lui ni conseiller, ni journaliste, ni garde du corps, François Hollande n’a pas vraiment le choix.C’est le photographe officiel du président Noursoultan Nazarbaiev qui prend le cliché. La photo est ensuite publiée dans la nuit sur le compte Instagram du service de presse kazakh.
[…] Les services de presse français ont, semble-t-il, découvert la photo ce samedi matin. Officiellement ils affirment que François Hollande ne pouvait échapper à la tradition, officieusement ils sont furieux, la photo est déjà ce matin la risée du web…
Un détail aurait cependant dû mettre la puce à l’oreille des services présidentiels français : avant le voyage, leurs homologues kazakhs leur avaient demandé le tour de tête de François Hollande. « L’Élysée en avait profité pour demander qu’il n’y ait ni essayage, ni photo », affirme RTL. Photo il y aura pourtant, vendredi, au sortir de l’entretien privé entre les deux chefs d’État.
La journaliste de France Info précise qu’il s’agit-là d’un cadeau réservé aux « invités de marque » :
Comme certains l’ont fait remarquer, tous les dirigeants étrangers en visite à Astana n’ont pas eu cet honneur :
De son côté, le président français a offert au président kazakh « une grande boîte en bois précieux en sycomore pour ranger des boutons de manchette, par exemple, et fabriquée par des artisans français », explique encore France Info. .
Après son voyage au Kazakhstan, François Hollande a décidé de faire escale à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine. Peu de chances, toutefois, qu’il utilise sa toute nouvelle chapka pour se protéger du froid moscovite.
Source : Le lab politique
Manifestations contre le chômage et la précarité
SAMEDI 6 DECEMBRE 2014, MANIFESTATIONS DES CHÔMEURS, INTERMITENTS & PRECAIRES à Paris et dans d’autres villes :
- Paris – 14h place Stalingrad (voir l’appel)
- Toulouse – 14h30 Place Esquirol (voir l’appel)
- Clermont-Ferrand – 14h30 Place de Jaude
- Marseille – 14h30 Vieux Port, contre la précarisation, justice sociale
- Besançon à 15 h à l’angle de la rue Luc Breton et de la rue des granges (voir l’appel)
- Orléans -15h Rassemblement sur le Parvis de la Cathédrale
- Bordeaux – 15 H, Place de la Victoire
Voir aussi
– Le tract de l’Initiative Communiste-Ouvrière
La nouvelle commission européenne veut abandonner le projet de régulation bancaire (quelle surprise !)
Le commissaire, Britannique aux services financiers, Jonathan Hill envisage l’abandon du projet de séparation des activités bancaires si le soutien des États membres ne remonte pas d’ici un an.
L’Union européenne pourrait renoncer purement et simplement à obliger les banques à séparer leurs activités les plus risquées du reste de leurs actifs en raison de l’opposition de plusieurs de ses États membres.
Jonathan Hill, le nouveau commissaire, britannique, chargé des services, a écrit dans une lettre à Frans Timmermans, le premier vice-président de l’exécutif communautaire, qu’il était nécessaire d’évaluer la réalité des progrès envisageables sur ce dossier.
Séparation des activités de trading les plus risquées
La séparation forcée des activités de trading les plus risquées des banques permettrait, selon ses promoteurs, de prévenir la contagion en cas de crise financière et de protéger les déposants.
Mais cette proposition, controversée dès le départ, a fait peu de progrès à Bruxelles, certains pays membres de l’UE et la Banque centrale européenne (BCE) estimant que sa mise en œuvre pourrait perturber le fonctionnement des marchés et handicaper le financement de l’économie.
La Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France, qui regroupent la majeure partie des actifs bancaires de l’Union, ont dans l’intervalle entrepris chacune de leur côté d’appliquer une réforme du secteur bancaire.
Abondon du projet ?
Abandonner le projet de l’UE « pourrait être une option l’an prochain si le soutien des pays membres ne remonte pas », écrit Jonathan Hill dans sa lettre à Frans Timmermans, dont Reuters a pris connaissance. Il juge toutefois « prématuré » de retirer dès maintenant le projet.
Le Parlement européen, généralement plus dur que la Commission sur ce type de dossier, s’opposerait sans doute à un abandon définitif du projet.
Jonathan Hill risquerait en outre de se voir accusé, en tant que Britannique, de favoriser le secteur financier de son pays d’origine, opposant de premier plan à la séparation.
Dans sa lettre, le commissaire se prononce néanmoins en faveur d’une évaluation globale de l’impact de toutes les réformes mises en œuvre depuis la crise financière de 2007, ce que refusait son prédécesseur français Michel Barnier.
Les banques réclament depuis longtemps déjà une telle évaluation, dans l’espoir qu’elle conclue que le durcissement de la réglementation entrepris depuis la crise a eu pour effet de renchérir le coût du crédit.
La priorité de Jonathan Hill va à la création d’un « marché unique de capitaux » censé aider les entreprises à se financer et réduire la dépendance de l’économie européenne aux financements bancaires. Il prévoit de lancer des consultations sur ce projet début 2015 et de présenter un projet détaillé au troisième trimestre de l’an prochain.
Infos importantes sur la situation en Grèce!
Alors que les médias européens n’en parlent pas du tout, n’hésitez pas à faire circuler, merci de votre soutien. Yannis Youlountas
Résumé :
Les manifestations, émeutes et occupations se multiplient chaque jour à Athènes et ailleurs en Grèce, depuis fin novembre. Notamment à cause de la tyrannie du pouvoir à l’égard de Nikos Romanos, jeune prisonnier de 21 ans en grève de la faim, privé de la possibilité d’étudier et particulièrement maltraité. Nikos est, de surcroît, l’ami d’enfance d’Alexis Grigoropoulos, tué le 6 décembre 2008, à l’âge de 15 ans, par un policier dans le quartier d’Exarcheia à Athènes, ce qui avait provoqué un mois d’émeutes retentissantes dans toute la Grèce. Nikos est naturellement devenu le nouveau symbole de toutes les violences actuellement subies par la population, mais aussi du profond désir de lutter, quelle que soit la forme, et de refuser la torpeur et la résignation.
Photos
envoyées par Yannis Youlountas depuis Athènes (Yannis est membre de l’assemblée de réoccupation de l’Ecole Polytechnique et tourne également, caméra au poing, au cœur des événements, avec l’appui des insurgés).
ATHÈNES SUR UN VOLCAN
Six ans après le mois de décembre 2008, l’atmosphère est à nouveau insurrectionnelle à Athènes et ailleurs en Grèce. Tous les ingrédients sont réunis pour faire du mois de décembre 2014, peut-être, un grand moment historique. Jusqu’à quel point et à quelles conditions ?
Depuis la fin du mois de novembre, les manifestations, émeutes, actions ciblées et occupations se multiplient un peu partout en Grèce (dans le silence total des medias européens, plus que jamais des merdias à boycotter ou à bloquer et occuper). La cause principale est la situation du jeune prisonnier anarchiste de 21 ans, Nikos Romanos, qui est devenu un symbole de toutes les violences actuellement subies par la population, mais aussi du profond désir de lutter, quelle que soit la forme, et de refuser la torpeur et la résignation.
Nikos, l’ami d’Alexis Grigoropoulos, symbole des émeutes de 2008
Nikos est l’ami d’enfance d’Alexis Grigoropoulos, assassiné à l’âge de 15 ans par un policier dans le quartier d’Exarcheia à Athènes. Un quartier réputé pour ses révoltes historiques et ses nombreuses initiatives autogestionnaires et solidaires. Un quartier dans lequel la liberté, l’égalité et la fraternité ne sont pas des mots jetés à l’abandon au frontispice de monuments publics glacés de marbre. Nikos a vu son ami mourir dans ses bras le soir du 6 décembre 2008. Profondément révolté, il s’est par la suite engagé dans l’anarchisme révolutionnaire et a dévalisé une banque pour financer son groupe qualifié de terroriste par le pouvoir. Après avoir été torturé, notamment au visage, lors de son arrestation, il a finalement réussi à obtenir son bac en prison, mais se voit aujourd’hui refuser la possibilité de poursuivre ses études. C’est pourquoi, depuis le 10 novembre dernier, Nikos est en grève de la faim. Son état s’est progressivement dégradé, notamment au niveau cardiaque, malgré ses 21 ans, et il a été transféré sous haute surveillance à l’hôpital Gennimatas d’Athènes devant lequel manifestent régulièrement des milliers de personnes qui parviennent parfois à dialoguer avec lui à travers les grilles de sa fenêtre (voir la première photo de l’article connexe, dans la même rubrique). En solidarité avec Nikos, un autre prisonnier politique, Yannis Michailidis, s’est mis en grève de la faim le 17 novembre au Pirée, suivi par deux autres, Andreas Dimitris Bourzoukos et Dimitris Politis, depuis le 1er décembre. Le gouvernement grec vient de confirmer son refus de permettre à Nikos de poursuivre ses études et préfère le laisser mourir, non sans faire preuve d’ironie. Des petites phrases assassines et provocatrices qui ne font qu’augmenter la colère populaire et les nombreuses protestations des organisations anarchistes et antiautoritaires jusqu’à celles de SYRIZA, principal parti de la gauche critique, qui est annoncé vainqueur des prochains élections en Grèce. Bref, le contexte politique est particulièrement tendu, à tous points de vue.
L’Ecole Polytechnique, symbole de la chute de la dictature des Colonels
Dans cette ambiance de fin de règne, parmi d’autres initiatives solidaires, l’Ecole Polytechnique est à nouveau occupée depuis le premier décembre, 41 ans après avoir défié avec succès la Dictature des Colonels en novembre 1973, au cours d’une occupation similaire pour défendre une radio libre qui s’opposait au régime autoritaire. Les CRS suréquipés viennent d’échouer par deux fois dans leurs tentatives de nous déloger, notamment le 2 décembre au soir, à la fin d’une manifestation fleuve qui s’est terminé avec plusieurs banques dégradées ou brûlées. Parmi d’autres obstacles de circonstance, un bus a même été transformé en barricade incandescente sur l’avenue Stournari, à Exarcheia (voir les photos dans l’article connexe), et les affrontements ont duré une bonne partie de la nuit. Douze insurgés arrêtés ont été violemment frappés, au point que trois d’entre eux souffrent de fractures du crâne. L’occupation de l’Ecole Polytechnique n’a pas cédé, malgré le deversement de quantités énormes de gaz lacrymogène depuis l’extérieur, tel du napalm sur toute la zone devenue une zone à défendre. Une ZAD jumelée, ces dernières heures, avec d’autres ZAD dans le monde, notamment celles de NDDL et du Testet en France qui ont rapidement transmis leur soutien fraternel, ainsi que de nombreuses personnes et organisations de France et d’ailleurs (soutiens que j’ai tous affichés sur l’un de nos murs et annoncés en assemblée à tous les compagnons et camarades).
Ce soir-là, alors que la distribution solidaire de sérum, de mallox et de citrons battait son plein, j’ai remarqué plus de filles que jamais parmi les insurgés (voir la photo de « l’autre statue de la liberté » dans l’article connexe) et une diversité à tous les niveaux qui augure d’une ampleur et d’une radicalité sans précédent. J’ai vu et ressenti une détermination et une fraternité rarement rencontrées jusqu’ici, dans mes voyages en Grèce et ailleurs, là où l’humanité ne se résoud pas à vivre à genoux et tente, diversement, de se lever. J’ai vu la vie s’organiser autrement dès le lendemain et la chaleur des barricades se transformer en chaleur des cœurs parmi les occupants de l’Ecole Polytechnique et d’ailleurs.
Rien n’est fini, tout commence !
Car durant ces dernières heures, les lieux d’occupations se sont multipliés, rappelant le processus de décembre 2008 qui avait amené la Grèce à connaître les émeutes sans doute les plus puissantes en Europe depuis plusieurs dizaines d’années (sans toutefois parvenir à renverser un pouvoir qui s’était finalement maintenu de justesse, notamment en distillant la peur et la désinformation dans les médias). Des occupations de bâtiments publics et de groupes financiers, de chaînes de télévision et de radios, d’universités et de mairies, depuis Thessalonique jusqu’à Héraklion. Des occupations toujours plus nombreuses, ainsi commentées par Yannis Michailidis dans son dernier communiqué de gréviste de la faim, très relayé sur Internet : « c’est ce qui brise la solitude de ma cellule et me fait sourire, parce que la nuit de mardi [2 décembre], je n’étais pas prisonnier, j’étais parmi vous et je sentais la chaleur des barricades brûlantes ». Avant de conclure avec une phrase rappelant le titre du dernier livre de Raoul Vaneigem : « Rien n’est fini, tout commence ! »
Une émotion immense
Parmi les événements qui m’ont également marqué ces jours-ci, certaines assemblées de collectifs ont montré à quel point la tension est à son comble. Notamment celle de l’occupation de l’Ecole Polytechnique dans la soirée puis toute la nuit du 3 au 4 décembre. Une assemblée qui a duré plus de 9 heures, jusqu’à 5h30 du matin. Certes, quelques divergences ont justifié cette durée jusqu’au consensus finalement trouvé au petit matin et je ne rentrerai évidemment pas dans les détails de ce qui s’est dit, notamment pour ce qui est des projets en cours. Mais je peux témoigner d’une atmosphère électrique ponctuée de longs silences qui en disent long. Je peux vous dire également que le grand amphi de l’Ecole Polytechnique était, une fois de plus, plein à craquer, avec des compagnons et des camarades debout et assis un peu partout, devant des murs fraichement repeints de graffitis. Je peux vous dire que la présence du papa de Nikos Romanos, assis au milieu de la salle, avec sa chevelure longue et grise et son regard profond et digne, ne pouvait que contribuer à une émotion déjà immense, alors que son fils se rapproche chaque jour d’une mort certaine.
« Agir comme si notre propre vie était en jeu… »
Le stress et la nervosité, la gravité du moment, l’importance des enjeux, faisaient fumer presque tout le monde beaucoup plus qu’à l’habitude, au point que j’en étais presque à regretter l’irritation causée par les gazs lacrymogènes dans les rues alentours. Parmi les paroles qui ont résoné : « ce n’est plus l’heure de mettre la pression, mais de rentrer en insurrection » ou encore des appels à « agir comme si notre propre vie était en jeu, car en vérité, c’est bien le cas pour nous tous qui vivons comme damnés, comme des esclaves, comme des lâches » ; « il faut retrouver pleinement confiance en nous-mêmes pour parvenir à redonner partout confiance aux gens et, en particulier, pour rassembler les laissés pour compte qui devraient être les premiers à descendre dans la rue, au lieu d’attendre que la libération vienne du ciel ». J’ai aussi parfois entendu des paroles jusqu’au boutistes que je ne préciserai pas ici, mais qui témoignent bien du ras-le-bol immense qui traverse une grande partie de la population et la conduit à tout envisager pour se libérer des tyrans du XXIème siècle.
Des tags à la mémoire de Rémi Fraisse
J’ai vu un ancien de 1973 avoir les larmes aux yeux et songer que nous vivons peut-être un autre moment historique. J’ai lu d’innombrables tags en soutien à la grève de la faim de Nikos Romanos, mais aussi à la mémoire de Rémi Fraisse, tué par le bras armé du pouvoir sur la ZAD du Testet.
Cette nuit encore, à la veille du 6 décembre très attendu, avec une grande inquiétude par les uns et avec un profond désir par les autres, le quartier d’Exarcheia est encerclé par les camions de CRS (MAT) et les voltigeurs (Delta, Dias). Plusieurs rues sont barrées. On ne peut entrer et sortir d’Exarcheia que par certaines avenues, plutôt larges et très surveillées. La situation prend des allures de guerre civile et rappelle certaines régions du monde. A l’intérieur du quartier, comme dans beaucoup d’autres coins d’Athènes, la musique résonne dans le soir qui tombe : du rock, du punk, du rap, du reggae, des vieux chants de lutte. Dans l’Ecole Polytechnique, on a même installé deux immenses enceintes du côté de l’avenue Patission et on balance ces musiques pour le plus grand bonheur des passants qui nous soutiennent et lèvent parfois le poing ou le V de la victoire tant désirée. D’autres baissent la tête et ne veulent pas y croire, ne veulent pas voir, ne veulent pas savoir, murés dans la prison d’une existence absurde et pauvre à mourir d’ennui, si ce n’est de faim.
Le spectacle d’un monde à réinventer
Ici, ça dépave, ça débat, ça écrit sur les murs et sur les corps, ça chante, ça s’organise. La fête a déjà commencé ! Certes, elle est encore modeste et incertaine, mais une nouvelle page de l’histoire des luttes est peut-être en train de s’écrire à Athènes et au-delà. Une nouvelle page qui ne pourra s’écrire qu’en sortant de chez soi, par-delà les écrans, les « j’aime » des réseaux sociaux et le spectacle d’un monde tout entier à réinventer. Une nouvelle page qui ne pourra s’écrire qu’ensemble, en se débarrassant de la peur, du pessimisme et de la résignation.
Rester assis, c’est se mettre à genoux.