Histoire et inhumanité de Chan Chan

A l’occasion d’un voyage de groupe au Pérou, la semaine dernière, j’ai découvert le site de Chan Chan, près de Trujillo. Je sais bien que le Pérou évoque essentiellement la civilisation inca, mais Chan Chan donne à découvrir une autre civilisation, et c’est pourquoi j’aimerais vous la présenter ici. Chan Chan était en effet la capitale des Indiens Chimú, qui régnèrent sur la région avant l’arrivée des incas vers 1470. La ville comptait alors des dizaines de milliers d’habitants (les estimations des archéologues varient entre 30 000 et 100 000) et le site montre aujourd’hui à quel point les cités d’Amérique du Sud étaient intelligemment pensées et agencées. On y trouvait des édifices religieux, des réservoirs d’eau, des cimetières, des maisons bien conçues, des jardins communaux et ce qui semble avoir été des bâtiments de stockage (probablement pour les récoltes et autres marchandises). On trouve aussi à Chan Chan neuf « citadelles », ou quartiers qui permettaient peut-être aux différentes classes sociales de vivre séparément. Les bâtiments, faits d’un mélange de pisé et de boue, sont décorés de motifs complexes. La majorité des Chimú qui habitaient à Chan Chan se consacraient à la pêche ou à la poterie. De nombreuses céramiques ont survécu, qui illustrent l’histoire de cette population et son mode de vie : on y voit des gens en train de pêcher ou encore des animaux importants dans cette culture, tels que singes, poissons et chiens. Il semble que les céramiques faisaient l’objet d’échanges avec d’autres tribus au sein d’un actif système de troc. Chan Chan est une ville unique : non seulement c’est la plus grande cité jamais construite en Amérique précolombienne, mais c’est aussi la plus grande ville de pisé au monde. Les Chimú y vécurent libres pendant plusieurs siècles avant d’être envahis par les Incas. Aujourd’hui, ce site est inscrit comme patrimoine de l’humanité. Il est en effet fragile, car le pisé est aisément endommagé par les éléments naturels, que ce soit le vent ou la pluie. De plus, l’endroit a malheureusement été négligé et abîmé au cours des derniers siècles, en particulier par les pilleurs désireux de vendre leurs trouvailles à des collectionneurs sans scrupules. Il a donc besoin d’être restauré et préservé, mais c’est tout de même un incroyable site à découvrir, si vous visitez un jour le Pérou. Et si vous optez pour le voyage de groupe, je vous recommande l’agence par laquelle ma femme et moi sommes passés. L’organisation était aux petits oignons. Plus d’informations sur le site qui offre ce voyage groupe.

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Du hasard de l’artiste

Il semble parfois que l’artiste, et en particulier le philosophe, ne soit qu’un hasard dans son époque, qu’il n’y soit entré que comme un ermite, comme un voyageur égaré et resté en arrière. Qu’on se rende donc une fois bien compte combien Schopenhauer est grand, partout et en toutes choses, et combien l’effet produit par son œuvre est médiocre et absurde. Rien ne peut sembler plus humiliant pour un honnête homme de ce temps que de se rendre compte à quel point Schopenhauer y est une apparition fortuite et de quelles puissances, de quelles impuissances a dépendu l’échec de son action. Tout d’abord et longtemps il souffrit de l’absence de lecteurs; et c’est là une honte durable pour notre époque littéraire; ensuite, lorsque vinrent les lecteurs, ce fut le manque de conformité de ses premiers témoins publics; plus encore, à ce qu’il me semble, l’incompréhension de tous les hommes modernes vis-à-vis de tous les livres, car personne à l’heure qu’il est ne veut plus prendre les livres au sérieux. Peu à peu, un nouveau danger s’est ajouté aux autres, né des tentatives multiples qui ont été faites pour adapter Schopenhauer à la débilité du temps ou pour l’ajouter comme un élément étranger, une sorte de condiment agréable que l’on mêlerait aux mets quotidiens en guise de piment métaphysique. C’est de cette façon qu’il a été connu peu à peu et qu’il est devenu célèbre et je crois qu’il y a maintenant plus de gens qui connaissent son nom que celui d’Hegel. Et, malgré cela, il est encore un solitaire, malgré cela, jusqu’à présent, il n’a pas encore exercé d’influence. Ses véritables adversaires littéraires et les aboyeurs peuvent, moins que personne, revendiquer l’honneur d’avoir entravé cette renommée, d’une part, parce qu’il y a peu d’hommes qui aient la patience de le lire et, d’autre part, parce que ceux qui ont cette patience se trouvent directement amenés à Schopenhauer. Qui donc se laisserait empêcher par un ânier de monter un beau cheval, quel que soit l’éloge que celui-ci fasse de son âne aux dépens du cheval?

La France devient l’alliée d’Assad ?

Dimanche 27 septembre, les forces aériennes françaises ont effectué leurs premières frappes contre les djihadistes de l’EI « au nom de la légitime défense ». Le Point a par la suite effectué un sondage et 29.481 votants ont répondu à la question de savoir si « en frappant Daesh en Syrie, la France devient l’alliée implicite de Bachar el-Assad ». Si la France, les États-Unis, la Russie ont tous l’objectif de lutter contre la menace terroriste, leur vision de leur principal l’ennemi diffère toujours. L’approche russe, formulée une fois de plus par le Président russe Vladimir Poutine dans un entretien, est de soutenir le président syrien, chef d’Etat légitime, de renforcer les structures étatiques légales et de les aider à lutter contre le terrorisme tout en encourageant un dialogue positif avec la frange raisonnable de l’opposition sur des réformes politiques. Mais si la vision russe est d’éviter toute intervention dans la politique intérieure des Etats, car l’incitation à un coup d’Etat mènerait à une désintégration de toutes les institutions étatiques, comme c’est le cas en Lybie, en Irak ou en Ukraine, la France et les Etats-Unis disent ne pas vouloir discuter avec le dirigeant syrien. Pourtant, même si Barack Obama demande toujours le départ du chef de l’Etat syrien, il est moins catégorique dans ses propos. David Cameron et Angela Merkel ont quant à eux déjà infléchi leur position. Le président français François Hollande et le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, quant à eux, ne cessent d’appeler au départ de Bachar el-Assad. Cependant, avec les frappes contre l’EI, l’approche française devient contradictoire. A la question de l’hebdomadaire Le Point de savoir si « en frappant Daesh en Syrie, la France devient l’alliée implicite de Bachar el-Assad », 60,9% des Français (17.971 sur 29.486 votants) ont répondu « oui ». David Thomson, journaliste à RFI et spécialiste du jihadisme français, a expliqué pour RFI en quoi consistaient ces contradictions.  » Ces frappes font de la France un allié indirect du régime syrien puisqu’aujourd’hui, à Deir Ezzor et dans sa région, il n’y a que deux acteurs: le groupe Etat islamique qui assiège un réduit dans lequel se sont réfugiés depuis un an un millier de soldats syriens qui sont ravitaillés de nuit par hélicoptères. Donc, de fait, comme il n’y a que ces deux acteurs, attaquer l’organisation Etat islamique revient à faire de la France l’allié du régime de Bachar el-Assad », a-t-il expliqué.