Le challenge des affaires

Le challenge de la droite traditionnelle est de plus en plus évident. Tapie, que je mets à droite, Sarkozy, Guéant, sans compter le climat des affaires. Bref, rien ne va plus dans le monde politique. Et cette fois, c’est l’ami Balladur qui est rattrapé par la justice. En effet, après des années de dénégations et de déclarations incohérentes, Ziad Takieddine a craqué. L’intermédiaire d’origine libanaise a enfin admis ce que les investigations judiciaires – et journalistiques – avaient rendu évident, à savoir qu’il avait bien œuvré au financement occulte de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, via des rétrocommissions issues des juteux contrats d’armement avec l’Arabie saoudite et le Pakistan, dans lesquels le gouvernement du même Balladur lui avait concédé le rôle d’intermédiaire. On se rappelle que Sarkozy était dans l’équipe Balladur. Décidément les vents sont contraires pour l’ancien président. Placé en détention provisoire depuis le 31 mai pour avoir tenté de se procurer un « vrai-faux » passeport dominicain, sans doute destiné à lui permettre de s’enfuir, M. Takieddine, lâché par ses anciens amis balladuriens et sarkozystes, ne supporte pas son incarcération, ce qui explique sans doute son changement d’attitude. Alors, dans le cabinet de M. Van Ruymbeke, M. Takieddine a raconté dans quelles circonstances il avait rencontré, fin 1993, Thierry Gaubert, ex-collaborateur de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly puis au ministère du Budget (entre 1994 et 1995), qui lui avait été présenté par Nicolas Bazire, à la fois directeur du cabinet du premier ministre Edouard Balladur et directeur de sa campagne présidentielle. M. Takieddine a également mis en cause François Léotard, ministre de la défense entre 1993 et 1995 et son conseiller Renaud Donnedieu de Vabres. Les deux hommes avaient imposé le duo Takieddine-El-Assir dans les contrats d’armement. « M. Donnedieu de Vabres représentait M. Léotard », a déclaré M. Takieddine qui a révélé qu’après l’élection de 1995, M. Donnedieu de Vabres lui avait demandé de l’aider à payer le loyer de son appartement parisien: « Je lui ai payé en cash allant jusqu’à des sommes entre 15 000 et 20 000 francs à chaque fois », a-t-il dit. L’intermédiaire assure avoir également « financé » une partie de l’installation de M. Donnedieu de Vabres à Tours ainsi que sa campagne législative, en 1997. Au total, il estime lui avoir remis « un maximum de 250 000 francs » en liquide. Donc cela balance dans ce challenge commercial du tous pourris en politique. Pendant ce temps, le FN prend des votes.