«Tout le monde est là pour lui. J’en ai la chair de poule. Quelle émotion mais qu’est-ce que ça fait du bien.» Michel fait partie des bikers qui ont pu participer au «dernier run» de Johnny Hallyday. Il est 10 heures, place Dauphine. C’est là que se sont donné rendez-vous entre plusieurs centaines de motards pour participer à la cérémonie d’hommage rendue à l’idole des jeunes décédée mercredi dernier. Comme tous ici présents, Michel a mis son plus beau blouson, fait briller plus que de coutume les chromes de sa puissance moto. «C’est un tel honneur d’accompagner Johnny une dernière fois, confie-t-il les larmes aux yeux. Depuis l’annonce de son décès, je l’écoute en boucle à la maison ou au guidon de mon Fat Boy». Il s’exécute en poussant la sono à fond. «C’est un grand moment d’émotion, renchérissent Nicole et John. Nous nous sommes rencontrés grâce à lui! Ses chansons nous font vibrer depuis 30 ans. Il nous a aussi transmis sa passion pour les belles motos. C’était important d’être là, pour lui.» » requiem pour un fou de rock’n’roll Ils sont de plus en plus nombreux à les rejoindre avant le départ en direction de l’Arc de Triomphe et la descente des Champs-Élysées. Les membres du service de sécurité s’activent alors que l’heure du départ approche. À la manœuvre, Stéphane Sahakian, le patron du HOG France, le Harley Owners Group. En tête du cortège, les Hells Angels reconnaissables à leurs couleurs. «Johnny aimait les Hells Angels: certains de nos frères travaillaient sur ses concerts d’où notre présence», précise Gérald du «chapitre Paris», la section de la capitale. «Johnny voulait absolument un T-shirt de membre, ce qui était absolument impossible. Il ne le comprenait pas – ce n’est pas le genre de personne habituée à ce qu’on lui dise non, poursuit Gérald en riant. Mais il nous aimait vraiment. C’est un hommage qu’on lui rend». Puis il reprend, plus sérieux: «Les Hells Angels, c’est le premier club ; alors aux événements motards, on se doit d’être là». «Je sais qu’il nous regarde de là-haut et qu’il est fier de nous» Éric, à son arrivée place de l’Étoile Tout à coup, des vrombissements sourds. Des sirènes et klaxons retentissent. Le signal est donné. Le cortège s’élance derrière le convoi funéraire qui remonte l’avenue Foch en direction de la place de l’Étoile. En tête, les Hells. Pas question de les doubler: les «prospects» veuillent et le rappelle gentiment mais fermement à ceux qui tentent de s’incruster. Finalement, tout le monde se met en branle dans une ambiance bon enfant. Le public se presse sur les bords de l’avenue pour admirer les motos. Les appareils photo crépitent et à chaque arrêt du cortège, la foule paraît grossir. Le service d’ordre veille. L’arrivée à l’Arc de triomphe est impressionnante. «Jamais je n’aurais cru pouvoir avoir cette sensation, confie Éric. Je sens des ondes positives. Je sais qu’il nous regarde de là-haut et qu’il est fier de nous.» Lui aussi fait partie des chanceux qui ont pu s’inscrire auprès de leur concession seule condition pour participer. «Je trouve lamentable qu’Harley se soit approprié cet événement et en faire une vaste opération marketing, déplore Titi, le président de la Fédération des bikers de France. Cet hommage devait être ouvert à tous les bikers, sans exception. Ce constructeur a failli gâcher la fête. C’est lamentable.» Une critique que Stéphane Sahakian, patron du HOG France, minimise. «Nous avons une grande maîtrise dans l’organisation de ce type de rassemblement. J’ai pris contact avec la préfecture de Paris qui a limité le nombre de participants pour des raisons de sécurité. Mais il n’y a aucune discrimination de notre part», assure-t-il.