Une époque opaque

Les derniers scandales judiciaires nous rappellent, une fois de plus, la question de la transparence politique reste d’actualité. De telles affaires sont courantes en France, et attise l’aversion des électeurs à l’égard de de leurs élus. Un mécontentement tout à fait normal, parce que tout ça n’est pas récent, et que les élus continuent à dire : « circulez, il n’y a rien à voir ». Dès que Chirac fut élu, un groupe de travail fut mis en place pour étudier la question, et avança plusieurs résolutions à adopter contre les outrances, mais sa mise en oeuvre fut soigneusement allégé, et par des élus de tous horizons. Et à ce jour encore, de nombreux politiques ne voient pas l’intérêt de bouger par principe ! Ils se retranchent souvent derrière la nécessité de la séparation des pouvoirs entre le pouvoir et la justice. Mais si cette séparation doit être tout à fait gardée pour protéger le fonctionnement démocratique, elle ne s’étend pas à tout autre sujet concernant un parlementaire. De ce fait, les revenus financiers dont les députés jouissent peuvent être inspectés par la justice. A l’occasion des débats parlementaires qui reprirent les idées du fameux rapport, les députés limèrent les recommandations les plus volontaristes. Pour de simples motifs partisans, ils refusèrent des propositions susceptibles d’accroître la transparence, comme en 2012 lorsque l’assemblée nationale recala un amendement sur le contrôle de l’indemnité de frais de mandat ! Une dépense indue est assimilée à une dilapidation d’argent public, et à un détournement s’il est utilisé à des fins personnelles. Or, c’est précisément cet aspect du problème qui, aujourd’hui en France, pourrit le débat politique.